Dur destin que celui de cette jeune et jolie princesse, Marie Louise d’Orléans, fille du frère de Louis XIV, Philippe d’Orléans et de sa première épouse, Henriette d’Angleterre dont la mort, en 1670, a laissé la Cour abasourdie… « Madame se meurt…Madame est morte » (Bossuet). Son père s’est remarié à la Princesse Palatine qui entoure d’affection la jeune fille, mais le monstre froid « la raison d’état » la fige sur l’échiquier politique en victime des ambitions de Louis XIV. La paix de Nimègue, en Aout 1678 a scellé l’alliance des Deux plus grands monarchies de la terre, (Le Mercure galant) et le en roi en parachève la réconciliation par le mariage du jeune roi d’Espagne Charles II avec cette nièce, à défaut d’une fille légitime qu’il n’a pas.
La princesse a dix-sept ans. Désespérée a l’idée d’épouser ce souverain quasi débile, de quitter pour toujours la France, de se deviner enfermée dans une Cour d’une austérité et d’une rigidité effrayantes, elle supplie Louis XIV de renoncer à cette alliance, « elle crie toujours miséricorde » (Madame de Sévigné), mais ne fléchit pas l’entêtement égoïste du roi. Après la signature du contrat et la cérémonie de fiançailles, le 30 aout, le mariage par procuration est célébré dans la Chapelle des Religieux de l’Ordre de la sainte Trinité et Rédemption des Captifs Ordinairement dite la belle Chapelle le trente unième d’Aoust l’an 1679.
La belle Chapelle… ainsi définie avec raison, car depuis soixante-dix ans, la chapelle n’a cessé d’être magnifiée à la suite des travaux de Martin Fréminet et de ses successeurs, qui, dans la première décade du siècle, avait élaboré l’admirable décoration de la voute et des murs selon un programme iconographique très ambitieux. Les travaux d’embellissement ont été poursuivis par l’ornementation des chapelles latérales et par la construction du chœur en 1633 dû au sculpteur florentin Bordini. Celui-ci paracheva la grande beauté de la chapelle en ajoutant le sol en marbre de couleurs chatoyantes, (aujourd’hui recouvert d’un tapis imprimé qui en restitue la luxuriance.) « La cérémonie devait s’exécuter dans la chapelle du château, appelée la belle chapelle qui est en effet une des plus belle du royaume. Etant aussi belle tant pour la dorure que pour la sculpture, que par les figures et les tableaux, il eut été inutile d’y ajouter d’autres ornements, aussi on se contenta de mettre une grande croix et six chandeliers très riches sur l’autel ». (Le Mercure Galant).
Quelques semaines plus tard après son mariage, devenue Reine d’Espagne, Marie Louise quitte la France après des adieux déchirants à sa famille., Louis XIV ajoute à la cruauté de ce départ en faisant bien comprendre à sa nièce ce qu’il attend d’elle : “Madame, je souhaite de vous dire adieux pour jamais ; ce serait le plus grand des malheurs qui vous pût arriver de revenir en France”. Malheureuse, dépressive, sans enfant, la jeune reine meurt à 26 ans…au même âge que sa mère.
Le récit détaillé de ce mariage royal est raconté par l’historien Patrick Daguenet dans le Bulletin N° 37 des Amis du Château de Fontainebleau
Hélène Verlet

Ferdinand Elle l’ainé. Portrait de Marie Louise d’Orléans. Huile sur toile. Château de Versailles
