L’été ou Fontainebleau, tapisserie de la tenture des Saisons. Carton de Charles Le Brun
Fête de l’été dans sa luxuriante profusion de feuillage et de fruits, fête des muses et de la musique, c’est le rayonnant visage d’Apollon portant sa lyre qui en est le symbole dans la tapisserie « L’été » du cycle « Les saisons » tissée de laine et de soie à la manufacture des Gobelins en 1669. L’édition « princeps » de cette tenture se trouve à Paris au Mobilier national, mais Fontainebleau en conserve un ensemble incomplet (il nous manque le Printemps) tissé en second en 1673, un des chefs d’œuvre absolu du peintre Charles Le Brun.
Durant ces années où il est nommé directeur de le manufacture par Colbert, l’artiste contribue à faire rayonner l’art de la tapisserie au service de la gloire du roi Louis XIV, dans son double rôle décoratif et diplomatique car les productions de la manufacture, rivalisant avec les grands maitres de la Renaissance, sont régulièrement présentées et même offertes aux invités de marque venant visiter les Gobelins.
Peu de temps auparavant, en 1668, le peintre Charles Le Brun avait donné des conférences sur les expressions des passions de l’âme à l’Académie royale de peinture et de sculpture et expliqué la manière dont les traits du visage sont transformés par l’expression d’une « passion ». Que déchiffrer dans le visage adolescent d’Apollon ? La joie tranquille du don fait à Minerve, le ravissement des parfums de l’été, l’attente du bonheur…
Hélène Verlet