D’une souveraine beauté, la jeune impératrice de 29 ans choisit les frondaisons de Fontainebleau pour l’entourer, elle et les dames de sa Maison chargées de la seconder, dans ce tableau commandé sans doute pour l’Exposition universelle de 1855 au peintre Winterhalter qui avait déjà peint le couple impérial. Eugénie, séduite par ces toiles « lisses et lumineuses » avait fait du peintre son portraitiste officiel à travers au moins neuf toiles qui la représentent.
L’impératrice, comme il sied, domine légèrement les autres personnages de cette scène, mais la modestie de la couronne de chèvrefeuille ou du rameau qu’elle tient dans sa main témoigne de son désir de simplicité et de son goût pour la nature. Le reproche en fut fait au tableau, qu’on trouva manquant de majesté et accordant trop d’attention au chatoiement des robes au détriment de l’expression des visages. Mais le grand public apprécia dans ce tableau le symbole de la fête impériale. Exposé à Vienne où il eut un grand succès, le tableau revint ensuite à Fontainebleau, installé dans l’entrée du Salon du lac où la Cour passait de longs et joyeux moments, à côté du Musée Chinois auquel l’impératrice apportait, de séjours en séjours dans les vitrines qu’elle avait elle-même conçues, de nouveaux et précieux objets.
La fête prend fin en 1871 après la défaite de Sedan. Exilée en Angleterre, Eugénie y fait venir le grand tableau, souvenir des fastes et de la douceur de ses séjours à Fontainebleau. A sa mort le tableau est vendu chez Christie’s, et intègre la collection Napoléon, à Malmaison puis à Compiègne d’où il reviendra peut-être un jour retrouver la place qui lui est due.
Hélène Verlet