Au milieu du règne de Louis-Philippe, ce « roi des Français » si épris du château de Fontainebleau qu’il désira y marier son fils ainé, le duc d’0rléans, a lieu la touchante célébration des trois mariages (civil, catholique, protestant), le 30 mai 1837, qui unit Louis Ferdinand à une princesse venue de la lointaine Baltique, Hélène de Mecklembourg-Schwerin. De longues tractations politiques avaient précédé ce choix, auquel s’était ajouté l’humiliant refus de l’archevêque de Paris, ardent légitimiste, d’une célébration à Notre Dame de Paris. La chapelle royale de la Sainte Trinité de Fontainebleau avait alors paru un cadre digne de l’événement.
De cette journée de liesse il reste une trace exceptionnelle, le cabinet de mariage offert par la ville de Paris à la duchesse d’Orléans. Ce meuble étonnant, installé aujourd’hui dans la Galerie des assiettes, fut commandé au directeur de la manufacture de Sèvres, Alexandre Brogniart chargé de commémorer cet événement dynastique à travers des plaques en porcelaine peintes par Charles Develly, de tailles inégale, insérées sur un meuble en chêne et bronze, et relatant « tel un reportage » les principaux moments de cette journée. Le peintre a arpenté le château, choisi les meilleurs angles de vue, croqué les détails décoratifs, et l’attitude des différents acteurs de ces scènes. A regarder attentivement, on y devine l’émotion de la jeune femme s’inclinant « avec une grâce inimitable » devant le roi Louis Philippe et son épouse au milieu du joyeux désordre de la Cour qui se presse sur l’escalier, raconta plus tard la Comtesse de Boigne. On y admire les dentelles qui parent la mariée et les belles proportions de la toute nouvelle Salle des colonnes qui accueille la célébration protestante et on se réjouit de pouvoir admirer cet objet si évocateur de Fontainebleau et si remarquable par la qualité de sa réalisation, « à la fois hymne à la grandeur française et fête bon enfant », selon l’expression de l’historien Serge Ceruti.
Hélène Verlet