Durant l’automne 1772, alors que la Cour se presse à Fontainebleau pour le séjour de chasse cher à Louis XV, arrive un vrai trésor dans la Chapelle de la Trinité : un orgue, construit par le célèbre facteur parisien, François-Henri Clicquot, succédant à l’orgue transportable et itinérant, venu de la salle des Menus Plaisirs de Versailles qui se joignait aux souverains durant leur « voyage » à Fontainebleau et sur lequel François Couperin venait jouer tous les ans. Ce petit huit pieds installé dans un buffet en chêne de style Louis XVI sculpté par Boullet le jeune prit place dans la tribune de gauche, fort étroite, dont la toiture fut rehaussée à cette occasion. Sur le côté de l’orgue furent installées, de manière bien précaire, des gradins de bois que vinrent occuper les musiciens du Roy, alors que les chanteurs se serraient dans la tribune d’en face, de l’autre côté de la nef, derrière les riches balcons en fer forgé montés devant les baies du premier étage. Ainsi furent donnés les motets à grand chœur célèbres de Delalande et de Rameau, en plus d’une musique liturgique quotidienne accompagnant la dévotion religieuse de la famille royale.
Mais lorsque vint la Révolution, lorsque la chapelle fut vidée de ses trésors, et transformée en magasin à grains, que les chandeliers et les ciboires en métal précieux furent envoyés à la fonte, l’orgue dégradé par le temps fut saccagé à la hache et vidé de ses tuyaux. Une heureuse réfection due au remarquable travail du facteur d’orgue Alfred Kern eut lieu en 1967 « telle que Clicquot l’avait construit », « un résumé du grand orgue français de son époque » et aujourd’hui, l’association des Amis de l’Orgue s’attache à poursuivre, sur cet instrument exceptionnel, la tradition musicale résonnant dans ces murs.
Prochainement, le 19 décembre 2021à 15h sera donné le concert de Noël associant chœurs, orgue et clavecin.
Hélène Verlet
L’orgue Clicquot