Pour célébrer la visite de la fille ainée de Louis XV, Louise Elisabeth de France, Duchesse de Parme qui avait si tristement quittée Versailles en 1739 au moment de son mariage, de nombreux spectacles sont donnés en son honneur lors du voyage annuel à Fontainebleau dans le Théâtre de Cour qu’on dit « plus brillant » qu’à Versailles.
Car, depuis deux décennies, c’est Fontainebleau qui donne le ton aux spectacles de France. C’est là qu’on vient découvrir les nouveautés de la saison qui sont assurées, si elles rencontrent le succès, d’être reprises à Paris dans les mois d’hiver. Et c’est au cours de cet automne, durant lequel la présence de l’hôtesse royale fut marqué par des divertissements de grande qualité que Jean-Jacques Rousseau fit jouer son « Devin du Village », sorte d’ intermède à la mode italienne.
Anxieux de savoir comment son opéra pastoral, sera accueilli par le roi, et la Marquise de Pompadour, fine experte en musique qui fait et défait les réputations Rousseau se cache dans la petite loge de l’intendant des Menus Plaisirs. De cette place il entend « un chuchotement de femmes qui semblaient belles comme des anges et s’entredisaient à demi-voix : cela est charmant et ravissant » (Les Confessions ). Rejoué quelques jours plus tard à Fontainebleau la pièce connait un franc succès. « Toute la Cour est enchantée de votre ouvrage et le roi chante vos airs sans discontinuer avec la voix la plus fausse de son royaume » lui écrit-t-on, mais son gout de l’indépendance, et le fait qu’il n’avait pas pris soin de s’habiller élégamment lui fait se dérober à une rencontre avec le roi, et refuser la pension que le monarque lui propose. « Adieu la vérité, la liberté, le courage…il ne fallait plus que flatter ou me taire ». (Les Confessions).
Hélène Verlet