Portraits de pouvoir, portraits de beauté 4/10 – Les Amis du Château de Fontainebleau

Portraits de pouvoir, portraits de beauté 4/10

C’est à Versailles qu’on peut voir ce petit tableau (0.76 m x 0.60) riche d’histoire et d’affection. Au loin les hauteurs de Monceau ferment l’étendue du grand canal tant aimé d’Henri IV.  Au centre, une jeune femme de 19 ans, arrivée en France en 1696, gage d’une paix négociée avec âpreté entre la Savoie et le royaume de France, et promise au futur dauphin, Louis duc de Bourgogne, si jeune et si menue lors de son premier séjour à Fontainebleau que Saint Simon avait noté « le roi menait lentement la princesse qui semblait sortir de sa poche ». Mais Marie Adélaïde éblouit la cour par sa grâce et enchante Louis XIV et Madame de Maintenon. Dès lors, elle sera associée aux plaisirs du roi qui, à Fontainebleau particulièrement, aime chasser, même lorsque, tombé de cheval, il s’est demis le bras et désormais, traque le gibier dans une légère calèche où l’accompagne la jeune Duchesse.

La tenue de la vénerie que portent tous les acteurs de ces chasses royales a été fixée en 1661 par le roi. Pour l’équipage du roi, bleu royal, chamarrée de galons d’or et d’argent.  Pour la maison d’Orléans, c’est une tenue rouge écarlate, que porte avec grâce et fierté Marie-Adélaïde, petite fille du duc d’Orléans par sa mère Anne Marie d’Orléans, elle-même fille de la première épouse du duc, Henriette d’Angleterre.

Un chien l’accompagne, chien courant sans doute pressé de retrouver les grandes courses menant à l’hallali du cerf telles que les peindra, quarante ans plus tard, Jean Baptiste Oudry dans les éboulements de Franchard. Mais, silencieuse, énigmatique se tient la sphinge, en grès massif comme un rocher de la proche forêt, sculpté par Mathieu Lespagnandel en 1664, à l’imitation des sphinx en bronze fondus au château à partir des moules en creux rapportés d’Italie par Primatice dans les années 1540 et placés quelques années dans la Cour de la Fontaine avant d’être sacrifiés au zèle révolutionnaire.

Sait-elle, la sphinge, le destin cruel qui attend cette jeune princesse, durant l’année 1712 qui verra mourir, le Grand Dauphin, Marie Adélaïde et son mari, le Duc de Bourgogne puis  leur petit Prince de Bretagne. Ne restera de ce rayonnant sourire qu’un jeune enfant de 2 ans, le futur Louis XV qui à son tour courra le cerf avec passion.

Pierre Gobert.  Marie Adélaïde de Savoie, Duchesse de Bourgogne, représentée en habit de chasse devant une vue du Grand Canal du château de Fontainebleau en 1704.

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mis en ligne le 14 mars 2021