24 décembre 1539, arrivée de Charles Quint à Fontainebleau
C’est la veille de Noël, il fait gris et humide mais le château scintille de lumière et les poêles venus d’Allemagne réchauffent les pièces. François Ier a tout préparé pour accueillir son ennemi permanent, son beau-frère depuis peu, l’Empereur Charles Quint, qui a demandé à traverser la France pour aller calmer une insurrection des habitants de Gand au Pays-Bas.
Remontant par Bayonne, Bordeaux, Poitiers, d’entrées fastueuses en accueils triomphants, rejoint à Loches par le roi et son épouse, Eléonore, la sœur de l’Empereur, Charles Quint découvre le château de Fontainebleau par la Porte Dorée. Et quel château ! celui des rois de France refait à la mode italienne, avec les stucs et les fresques de la Galerie ornée par le Rosso, des tapisseries, des statues, des tableaux. Et quels atours ! Face à l’austère cour espagnole de bure et de noir vêtue, scintillent les velours soyeux doublés d’hermine, les parures de pierres précieuses. Et quel programme ! « Tous les plaisirs qui se peuvent inventer se succédèrent pour Charles Quint ; les somptueux festins, les tournois, les chasses formèrent les nobles loisirs de ces princes ». Dans la basse-cour, des joutes aux lumières des torches animent les soirées tandis que les offices religieux de ce temps de Noël, suivis avec ferveur par les espagnols, paraissent bien longs aux seigneurs français impatients d’en découdre dans de nouvelles réjouissances.
Six jours plus tard, gavé à contre cœur, plus sombre qu’à son arrivée, Charles Quint quitte Fontainebleau pour faire une entrée solennelle à Paris aux côtés de son « bon frère ». La réconciliation est-elle éternelle ? Pas du tout ! On n’achète pas Charles Quint en tentant de l’éblouir, et quelques semaines plus tard, le duché du Milanais que convoitait François est donné à Philippe, le fils de Charles Quint.
Hélène Verlet