A l’occasion des cent-cinquante ans de la disparition de Napoléon III, les aménagements réalisés sous le Second Empire ont été mis en valeur dans les circuits de visite du château. Les Amis du Château de Fontainebleau ont naturellement répondu favorablement à cette initiative en finançant la reprise complète des garnitures des sièges installés sous Napoléon III dans le Salon d’angle du Gros pavillon et à la pose de la brocatelle vert et or retissée, afin de leur redonner leur splendeur d’origine.et les dons reçus à cette occasion ont ainsi permis la restauration de cet ensemble, pour un coût de 50 352 €.
Un grand merci aux généreux donateurs qui ont rendu cette opération possible !
Réinstallé dans le salon d’angle, cet ensemble magnifique peut être maintenant admiré par tous les visiteurs. Il se compose d’ un canapé, une causeuse, 6 fauteuils, 6 chaises, 2 tabourets de pieds et un écran de cheminée !
Un peu d’histoire :
Le Gros Pavillon dominant l’étang et la Cour de la Fontaine est construit entre 1750 et 1754 par Ange-Jacques Gabriel, à l’emplacement du Pavillon des Poêles de François Ier.
Initialement destiné à l’installation des filles de Louis XV, le Gros Pavillon est aménagé en un appartement de six pièces. Il hébergera successivement les princes d’Orléans et de Condé durant les séjours de Louis XV, puis, à la fin du règne, le comte de Provence et son épouse. Il accueille le pape Pie VII en 1804, avant son second séjour en 1812-1814. Les appartements deviennent ceux du duc et de la duchesse d’Orléans sous la Monarchie de Juillet.
A la demande de Napoléon III, l’architecte Paccard procède à la restauration des décors de l’appartement double, dévolu aux hôtes de la famille impériale.
Le grand salon occupant l’angle du Gros pavillon est alors meublé comme un salon de réception dans le style Louis XV pour servir à Stéphanie de Beauharnais, grande-duchesse de Bade, cousine de l’impératrice Joséphine et invitée par Napoléon III. Rouvert au public en 2007, il est présenté dans l’état historique du Second Empire.
En 1859, le Garde-meuble impérial fait acheminer à Fontainebleau plusieurs tapisseries à fils d’or et d’argent et fait livrer un ensemble de sièges en bois doré réalisé par le menuisier Janselme, et composé d’un canapé, une causeuse, six fauteuils à la reine, six chaises, deux tabourets de pied et un écran de cheminée. Ce mobilier prend place sur un tapis couvrant l’intégralité du parquet. Deux consoles en bois doré, dans le goût rocaille, prennent place sous les miroirs et une table de salon en marqueterie de losanges est disposée au centre de la pièce. La cheminée reçoit un feu en bronze doré ainsi qu’une pendule d’époque Louis XVI et une paire de vases en porcelaine de Sèvres à fond vert.
Les sièges étaient alors couverts d’une riche étoffe, une brocatelle à fond jaune et dessin de bouquets de fleurs verts dans des cartouches. Les fenêtres étaient garnies de rideaux confectionnés dans la même étoffe.
Les sièges de Jeanselme regagnent le Mobilier national en 1889. Les garnitures du Second Empire sont déposées et les étoffes remplacées. Heureusement, la même brocatelle fut employée pour garnir la chambre de l’appartement du prince Jérôme à Fontainebleau. Conservée en l’état sous la Troisième République, elle a servi de modèle pour la fabrication récente à l’identique d’une brocatelle destinée à la couverture des sièges et aux rideaux.
L’ensemble des sièges fut renvoyé par le Mobilier national à Fontainebleau en trois envois successifs (1992, 1994, 2000).