Au cœur de château, dans l’ancienne chambre du roi qu’habita François Ier, aujourd’hui appelée « première salle Saint Louis », resplendit la grande pendule de André-Charles Boulle (vers 1725). De style Louis XIV, elle est attribuée à Louis Mynuel pour le mécanisme et le cadran, et est ornée de la copie en bronze doré du groupe sculpté par Jean-Baptiste Tuby représentant le char d’Apollon tiré par des chevaux dans le bassin d’Apollon de Versailles.
Illustrant la technique du célèbre « artiste du Roy », ébéniste, sculpteur et ciseleur qui consiste à découper un même motif en partie et contrepartie, positif et négatif, avec l’usage inversé des matériaux, ici laiton et écaille de tortue, la marqueterie de Boulle, magnifiant le corps de la pendule, se retrouve dans des meubles prestigieux dont la beauté est reconnue alors dans toute l’Europe.
Depuis François Ier les horloges et pendules viennent rythmer les journées des souverains, mais le plus souvent ce sont les services du Garde-Meuble qui apportent de Paris ou de Versailles celles destinées aux appartements royaux. Et si la Révolution vide le château sans trop de dommage, on doit à Napoléon de lui rendre vie en le remeublant par étapes et en dotant chaque pièce d’un pendule simple ou de grand prix.
A son tour Louis Philippe s’attachera durant tout son règne à redonner au château de Fontainebleau le reflet de la gloire du Grand Siècle, à travers de nombreux meubles et objets qui sont alors regroupés à Fontainebleau. Faisant partie des collections du prince de Condé à Chantilly, envoyée au palais du Luxembourg, siège de la Chambre des pairs sous la Restauration, l’exceptionnelle pendule de Boulle est offerte au roi Louis-Philippe qui la fait envoyer à Fontainebleau en mai 1837, à temps pour qu’elle tinte joyeusement lors des festivités organisées le 30 mai pour le mariage de son fils ainé, Louis Ferdinand, avec la princesse Hélène de Mecklembourg.
Hélène Verlet