Non pas une, ni cinq, ni dix, mais 164 chaises dorées à capitons de damas jaune qui illustrent, autant que d’autres, les meubles d’exception du château de Fontainebleau.
164, sans compter les chaises plus travaillées et les fauteuils de la loge impériale qui manifestent la hiérarchie présidant au placement autour de l’Empereur Napoléon III lors des spectacles. L’ensemble est livré par Jeanselme père et fils, successeurs de la maison Jacob Desmalter, et à leur tour fournisseur du Garde meubles, et dont on vante la qualité de leurs productions : à chaque spectateur est réservé un siège à dossier, couvert de capitons pour plus de confort, et en tissu de soie , tissé à Lyon par la manufacture Grand frères.
Construit à partir de 1854 par l’architecte Lefuel sur l’ordre de Napoléon III qui voulait donner à ses invités du « voyage à Fontainebleau » l’excellence du divertissement, ce précieux théâtre édifié dans l’aile Louis XV permet au spectateur, autant que le spectacle, le plaisir de s’émerveiller de l’élégance de ses formes ovales, du raffinement de ses motifs de fleurs et d’or, du luxe de ses moquettes épaisses et de ses sièges capitonnées. « Un vrai bijou » s’exclamait la Princesse de Metternich !
Et pourtant ! Seuls seize spectacles furent joués à Fontainebleau sous le second Empire, avant un quasi abandon de cent quarante ans, avant que le théâtre ne sorte de l’oubli pour s’offrir aujourd’hui à l’admiration du public, grâce au mécénat de l’Emirat d’Abou Dhabi et au travail passionné des responsables du Château.
Hélène Verlet